Harcèlement

Comment se passe une enquête pour harcèlement ?

Enquête pour harcèlement : étapes, droits des parties et bonnes pratiques pour une procédure juste et conforme à la loi.

Sommaire

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L’enquête pour harcèlement est une étape cruciale lorsqu’une situation de mal-être, de conflit ou de comportement inapproprié est signalée dans un environnement professionnel. Elle vise à établir les faits, à protéger les personnes concernées et à permettre à l’employeur de prendre les mesures adéquates.

Mais comment se déroule une telle enquête ? Quels sont les droits et obligations des différentes parties ?

Cet article détaille le déroulement d’une enquête pour harcèlement, depuis la réception d’un signalement jusqu’à la prise de décision finale.

Comprendre le cadre légal de l’enquête pour harcèlement


En France, le Code du travail impose à l’employeur une obligation de sécurité envers ses salariés. Cette obligation comprend la prévention du harcèlement moral et sexuel au travail (articles L1152-1 et suivants du Code du travail).

Dès qu’un employeur a connaissance, directement ou indirectement, d’une situation susceptible de constituer un cas de harcèlement, il doit diligenter une enquête interne. Cette démarche vise à :

  • Vérifier la véracité des faits signalés
  • Évaluer la gravité de la situation
  • Protéger les salariés concernés, qu’ils soient plaignants, témoins ou mis en cause
  • Et prendre les mesures nécessaires pour faire cesser les agissements si le harcèlement est avéré.

L’employeur qui ne réagit pas ou qui ignore un signalement s’expose à des sanctions civiles et pénales, notamment pour manquement à son obligation de sécurité.

Le déclenchement de l’enquête pour harcèlement

Une enquête pour harcèlement débute toujours par un signalement. Celui-ci peut provenir de différentes sources :

Le déclenchement de l’enquête pour harcèlement
  • Le salarié victime, via un courrier, un email ou un entretien avec un supérieur ou le service RH
  • Un collègue témoin des faits
  • Un représentant du personnel
  • Ou encore le médecin du travail ou l’inspection du travail

Dès réception d’un signalement, l’employeur doit agir rapidement. Cela peut consister à :

  • Éloigner temporairement le salarié mis en cause
  • Modifier les conditions de travail des personnes concernées
  • Proposer un accompagnement psychologique ou médical au plaignant

Ces mesures ne sont pas des sanctions mais des dispositifs de protection destinés à éviter toute aggravation de la situation pendant la durée de l’enquête.

La préparation de l’enquête

Avant d’entamer les entretiens, l’enquêteur procède à une phase préparatoire. Celle-ci consiste à :

  1. Analyser le signalement : comprendre les faits reprochés, les dates, les lieux et les personnes impliquées.
  2. Définir le périmètre de l’enquête : déterminer les acteurs à auditionner, les documents à consulter et les éléments de preuve à collecter.
  3. Planifier les entretiens : établir un calendrier précis, dans un lieu neutre et confidentiel.
  4. Informer les parties : le plaignant et la personne mise en cause doivent être informés de la tenue de l’enquête, sans pour autant avoir accès à l’ensemble des témoignages ou des preuves.

Cette phase garantit la structure et la transparence de la procédure.

Le déroulement des entretiens

L’entretien est l’étape centrale de toute enquête pour harcèlement. Il permet de recueillir les témoignages, d’évaluer la cohérence des déclarations et de reconstituer les faits.

  • L’entretien avec la personne plaignante

L’enquête commence généralement par l’audition du salarié qui a formulé la plainte. L’objectif est de :

- Comprendre la nature exacte des agissements dénoncés
- Identifier leur fréquence, leur impact et les éventuels témoins
- Collecter tout élément matériel (emails, messages, documents internes)

L’enquêteur veille à créer un climat de confiance et à éviter toute forme de culpabilisation. L’entretien doit rester factuel et respectueux.

  • L’entretien avec la personne mise en cause

La personne accusée de harcèlement a le droit de s’expliquer. L’enquêteur doit lui exposer les faits qui lui sont reprochés, sans divulguer les sources ou les propos exacts des témoins.
L’objectif n’est pas de juger mais de comprendre son point de vue et d’obtenir des éléments complémentaires.

  • Les entretiens avec les témoins

Les collègues, supérieurs ou subordonnés susceptibles d’avoir observé les faits sont ensuite auditionnés.
Leur anonymat peut être préservé dans le rapport final, mais leur témoignage doit être recueilli de manière rigoureuse et objective.

Chaque entretien fait l’objet d’un compte rendu écrit, validé par la personne entendue.

L’analyse des éléments recueillis

Une fois les entretiens réalisés et les documents collectés, l’enquêteur procède à une analyse approfondie des faits.
Cette phase consiste à :

analyse des éléments recueillis
  • Comparer les versions recueillies pour identifier les convergences et divergences
  • Évaluer la crédibilité des témoignages
  • Mesurer la gravité des comportements au regard de la définition légale du harcèlement.

Selon la jurisprudence, un comportement est qualifié de harcèlement moral s’il se manifeste par des agissements répétés ayant pour effet une dégradation des conditions de travail, portant atteinte aux droits et à la dignité du salarié ou compromettant sa santé.
Dans le cas du harcèlement sexuel, il peut s’agir de propos, gestes ou comportements à connotation sexuelle non désirés.

L’enquêteur ne rend pas une décision juridique, mais formule une analyse objective des faits et des preuves.

Le rapport d’enquête pour harcèlement

Le rapport d’enquête constitue la synthèse formelle du travail d’investigation. Il comprend généralement :

  • Le contexte du signalement et les objectifs de l’enquête
  • La méthodologie employée
  • La liste des personnes auditionnées
  • Les faits constatés et les éléments de preuve recueillis
  • Une analyse impartiale et structurée
  • Et, le cas échéant, des recommandations pour l’employeur

Ce rapport est confidentiel et transmis uniquement aux personnes habilitées (direction, service RH, avocat, CSE…). Il ne doit pas être diffusé aux salariés.

La prise de décision et le suivi

Sur la base du rapport, l’employeur décide des suites à donner :

  • Si le harcèlement est avéré, il peut engager une procédure disciplinaire (avertissement, mise à pied, voire licenciement).
  • Si les faits ne sont pas établis, aucune sanction ne peut être prononcée, mais des mesures de prévention peuvent être mises en place (formation, médiation, rappel du code de conduite).

Dans tous les cas, l’entreprise doit prévenir les risques futurs : sensibilisation du personnel, communication interne sur les valeurs du respect, renforcement des canaux de signalement.

Un suivi post-enquête est aussi recommandé pour s’assurer que les relations de travail se rétablissent et que les personnes concernées sont accompagnées.

Conclusion

L’enquête pour harcèlement n’est pas seulement une obligation légale : c’est un outil de gouvernance et de prévention des risques psychosociaux.
Menée avec sérieux, neutralité et transparence, elle contribue à :

  • Restaurer la confiance au sein de l’équipe
  • Préserver la santé et la dignité des salariés
  • Et renforcer la culture d’entreprise autour du respect et de la responsabilité

Chaque organisation a intérêt à mettre en place un protocole clair de gestion des signalements, à former ses managers et à favoriser la parole des collaborateurs.