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Le harcèlement moral en entreprise est un phénomène sérieux qui peut avoir des conséquences dramatiques sur la santé des salariés et sur le climat organisationnel. Face à ce type de situation, le Comité Social et Économique (CSE) joue un rôle clé dans la prévention, l’information et, lorsque nécessaire, l’investigation.
Quel est le déroulement d’une enquête CSE pour harcèlement moral, ses enjeux, et les bonnes pratiques à adopter pour garantir un traitement juste et efficace des situations signalées.
Comprendre le rôle du CSE face au harcèlement moral
Le CSE, instance représentative du personnel, a pour mission de veiller à la santé et à la sécurité des salariés. Selon le Code du travail, il est notamment chargé :
- De contribuer à la prévention des risques professionnels.
- De recueillir les alertes et réclamations des salariés.
- De proposer des actions correctives en cas de dysfonctionnement ou de comportement abusif dans l’entreprise.
Lorsqu’un salarié dénonce des faits de harcèlement moral, le CSE peut initier ou recommander une enquête CSE pour harcèlement moral afin de vérifier les faits et de protéger la victime. Il est important de souligner que le CSE ne remplace pas les procédures judiciaires ou disciplinaires, mais agit comme un organe d’investigation et de médiation interne.
Définir le harcèlement moral
Avant de lancer une enquête, il est essentiel de bien comprendre ce qu’est le harcèlement moral. Selon l’article L1152-1 du Code du travail :

Aucun salarié ne doit subir des agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits, à sa dignité, à sa santé physique ou mentale, ou de compromettre son avenir professionnel.
Ces agissements peuvent inclure :
- Des critiques systématiques injustifiées.
- L’isolement professionnel.
- La dévalorisation ou l’humiliation en public ou en privé.
- Des pressions psychologiques constantes.
Le rôle du CSE est de détecter ces comportements et d’agir avant qu’ils ne dégénèrent.
L’alerte et la saisine du CSE
Le processus d’une enquête CSE pour harcèlement moral commence généralement par une alerte. Cette alerte peut provenir :
- D’un salarié victime.
- D’un témoin.
- D’un représentant du personnel.
La saisine du CSE doit se faire par écrit, en précisant les faits, la date et le contexte. Cette étape est cruciale pour documenter la plainte et préparer l’enquête.
Confidentialité et protection
Qu’elle soit menée en interne ou par un cabinet externe, l’enquête est soumise à un strict devoir de confidentialité.
La confidentialité vise à protéger :
- la personne qui signale les faits,
- les témoins,
- le salarié mis en cause.
Elle évite les risques de représailles et garantit la sérénité de la démarche.
Les étapes d’une enquête CSE pour harcèlement moral
1. Analyse préliminaire
Le CSE examine les éléments reçus, évalue la crédibilité de la situation et détermine si une enquête approfondie est nécessaire.
2. Constitution de l’équipe d’enquête
Deux options sont possibles :
- Une enquête menée en interne
Le CSE constitue un groupe d’élus chargés de conduire les entretiens et d’analyser les faits.
Cette option est pertinente lorsque la situation est simple, lorsque les élus sont formés, et qu’aucun risque de conflit d’intérêt n’existe.
- Une enquête confiée à un cabinet externe
Le CSE peut faire appel à un cabinet spécialisé en harcèlement moral ou en risques psychosociaux afin de garantir :
- une impartialité totale;
- une expertise juridique et psychosociale;
- une méthodologie structurée;
- une prise de recul utile en cas de tensions internes.
Cette solution est particulièrement adaptée lorsque la situation est sensible, complexe, ou qu’elle implique l’encadrement.
3. Recueil des témoignages
Le cœur de l’enquête consiste à mener des entretiens individuels :

- victime présumée,
- personne mise en cause,
- témoins.
Les entretiens sont réalisés de manière neutre, bienveillante et non orientée.
Chaque audition fait l’objet d’un compte rendu.
4. Analyse des éléments
Les enquêteurs, élus du CSE ou experts externes, examinent ensuite :
- les témoignages;
- les mails ou échanges professionnels;
- les notes internes;
- les éléments organisationnels.
L’objectif est de confronter faits, contexte et perceptions afin d’évaluer si la situation relève du harcèlement moral.
5. Rapport d’enquête
Un rapport final est rédigé, comprenant :
- les constats factuels;
- les éléments ayant permis l’analyse;
- la qualification éventuelle des faits;
- les recommandations au CSE et à l’employeur.
Lorsque l’enquête a été confiée à un cabinet externe, ce rapport bénéficie de l’expertise et de la neutralité d’un acteur indépendant.
Quelles mesures après l’enquête ?
Selon les conclusions :
- médiation;
- aménagement des conditions de travail;
- formation ou accompagnement managérial;
- mise en place d’actions de prévention;
- sanctions disciplinaires éventuelles si les faits sont avérés.
Le CSE peut également conseiller à l’employeur de faire intervenir des prestataires externes (psychologue du travail, spécialiste des RPS, organisme de formation).
Conclusion
Une enquête CSE pour harcèlement moral est un processus indispensable pour comprendre une situation et protéger les salariés.
Elle peut être menée :
- en interne, lorsque le CSE dispose des compétences nécessaires,
- ou avec l’appui d’un cabinet externe, pour garantir impartialité, expertise et sérénité.
Cette flexibilité permet d’adapter le dispositif à chaque situation, de prévenir les risques psychosociaux et de restaurer un climat de travail sain et respectueux.



