Sommaire
Le harcèlement en entreprise représente aujourd’hui un défi majeur pour les organisations. Ses conséquences vont bien au-delà de la souffrance individuelle : il fragilise la performance collective, altère la cohésion des équipes et ternit durablement l’image de l’entreprise. Comprendre ses mécanismes, savoir le détecter et mettre en place des actions concrètes pour y faire face sont essentiels pour assurer le bien-être collectif.
Qu’est-ce que le harcèlement en entreprise ?
Le harcèlement en entreprise se définit comme un ensemble d’actes, de comportements ou de paroles répétés ayant pour effet ou pour objet de dégrader les conditions de travail d’un salarié, portant atteinte à sa dignité, sa santé physique ou mentale, ou compromettant son avenir professionnel.
- Les différentes formes de harcèlement
 
On distingue principalement deux types de harcèlement en entreprise :
- Le harcèlement moral : comportements répétés (critiques injustifiées, isolement, humiliation, surcharge ou privation de travail) entraînant une dégradation des conditions de travail.
- Le harcèlement sexuel : propos, gestes ou attitudes à connotation sexuelle, répétés ou non, qui portent atteinte à la dignité du salarié ou créent une situation intimidante, hostile ou offensante.
- Un cadre légal strict
 
En France, le Code du travail (articles L1152-1 et suivants) et le Code pénal encadrent strictement le harcèlement en entreprise.
- Le harcèlement moral est puni de 2 ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende.
- Le harcèlement sexuel est passible de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende (peine aggravée en cas de circonstances particulières).
L’employeur a donc une obligation légale de prévention et de protection des salariés contre toute forme de harcèlement.
Identifier les signes du harcèlement en entreprise
Le harcèlement ne se manifeste pas toujours de manière évidente. Il peut s’installer progressivement, par des micro-agressions ou des comportements déstabilisants.

- Signes individuels
 
Chez la victime, on peut observer :
- Une perte de confiance ou d’estime de soi 
- Des arrêts maladie répétés 
- Une baisse de performance ou d’engagement 
- Des troubles du sommeil, de l’anxiété, voire une dépression
- Signes collectifs
 
À l’échelle de l’équipe ou du service :
- Un climat de tension ou de peur 
- Une augmentation du turnover 
- Des conflits récurrents 
- Une communication altérée entre collègues
- Les nouvelles formes de harcèlement
 
Avec la digitalisation du travail, le cyberharcèlement professionnel se développe : exclusion de discussions en ligne, surveillance abusive, messages à caractère sexuel ou moqueur sur les canaux internes. Ces comportements relèvent pleinement du harcèlement en entreprise et doivent être traités avec la même gravité.
Le rôle et les obligations de l’employeur
L’entreprise a une responsabilité juridique et morale vis-à-vis de la sécurité et de la santé de ses collaborateurs. La loi impose une obligation de résultat en matière de prévention des risques psychosociaux, incluant le harcèlement.
- Prévenir le harcèlement en entreprise
 
La prévention repose sur trois piliers :
- L’information et la formation :
Former les managers et sensibiliser l’ensemble du personnel sur ce qu’est le harcèlement en entreprise, comment le reconnaître et le signaler.
- La communication interne :
Diffuser des messages clairs sur la tolérance zéro, afficher les procédures de signalement et rappeler les sanctions encourues.
- L’intégration du risque dans le document unique :
Le DUERP (Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels) doit mentionner les risques de harcèlement et les mesures de prévention associées.
- Traiter rapidement les signalements
 
Lorsqu’un cas de harcèlement en entreprise est suspecté ou signalé :
- Recueillir les témoignages avec impartialité et confidentialité 
- Mener une enquête interne
- Prendre des mesures immédiates pour protéger la victime 
- Sanctionner l’auteur si les faits sont avérés
- Accompagner les victimes
 
L’entreprise doit proposer :
- Un accompagnement psychologique (cellule d’écoute, médecin du travail) 
- Un soutien managérial et un suivi du retour au travail
- La garantie d’une non-représaille après signalement
Le rôle des managers et des RH
Les managers sont en première ligne dans la prévention du harcèlement. Leur posture, leur capacité d’écoute et leur exemplarité sont déterminantes.
- Les managers
 
Un bon manager :
- Instaure un climat de confiance et de respect 
- Observe les changements de comportement dans son équipe 
- Intervient rapidement en cas de tensions ou comportements inappropriés 
- Connaît les procédures internes de signalement et sait orienter les salariés
- Les ressources humaines
 
Les RH ont un rôle crucial :
- Mettre en place des procédures claires et confidentielles de traitement des plaintes 
- Former les collaborateurs à la communication non violente 
- S’assurer de la cohérence disciplinaire et du respect du droit du travail 
- Suivre les indicateurs sociaux : absentéisme, turn-over, climat social
Comment réagir face à une situation de harcèlement en entreprise ?
- Pour la victime
 
Identifier et consigner les faits : noter dates, propos, comportements, témoins, et conserver tout élément de preuve (mails, SMS, etc.).
En parler : alerter un supérieur hiérarchique, un représentant du personnel, les RH ou le médecin du travail.
Saisir les instances compétentes :
- CSE (Comité Social et Économique)
 - Inspection du travail
 - Conseil de prud’hommes ou tribunal correctionnel, selon la gravité des faits
 
- Pour les témoins
 
Le signalement d’une situation de harcèlement en entreprise est protégé par la loi. Aucun salarié ne peut être sanctionné pour avoir alerté de bonne foi.
- Pour l’entreprise
 
Dès qu’un signalement est reçu :
- Suspendre les interactions directes entre victime et agresseur 
- Ouvrir une enquête impartiale et confidentielle 
- Communiquer avec prudence auprès des équipes pour éviter les rumeurs 
- Prendre des mesures correctives à court et long terme (formation, médiation, recadrage managérial…)
Construire une culture d’entreprise protectrice
La lutte contre le harcèlement en entreprise dépasse le cadre juridique : elle relève d’une culture managériale et d’un engagement collectif.
- Instaurer une tolérance zéro
 
La direction doit envoyer un message fort :
Le harcèlement, sous toutes ses formes, n’est pas toléré. Cela implique des sanctions systématiques et proportionnées, quel que soit le niveau hiérarchique de l’auteur.

- Favoriser la parole
 
Créer des espaces d’expression sécurisés : entretiens individuels, sondages anonymes, dispositifs de médiation.
Une politique RH efficace repose sur la transparence et la confiance.
- Former régulièrement les équipes
 
Des formations interactives sur :
- Le respect au travail et la communication bienveillante
- La gestion des conflits
- La détection des signaux faibles
Les bénéfices d’une entreprise engagée contre le harcèlement
Lutter contre le harcèlement en entreprise, c’est aussi investir dans la performance durable :
- Amélioration du climat social et de la motivation des équipes
 - Réduction du turnover et de l’absentéisme
 - Attractivité renforcée auprès des talents
 - Réputation positive et image responsable de l’employeur.
 
Les entreprises qui s’engagent dans la prévention des risques psychosociaux gagnent en productivité, cohésion et crédibilité.
Conclusion
Le harcèlement en entreprise n’est pas une fatalité. Chaque organisation, quelle que soit sa taille, peut construire un environnement professionnel sain, respectueux et épanouissant. Cela passe par une prévention proactive, une formation continue et une culture d’entreprise fondée sur le respect et la responsabilité.


